Que risquent les joueurs argentins auteurs de chants racistes contre les Bleus ?

Par Jordan Pardon
4 min.
Enzo Fernandez @Maxppp

À la suite d’une vidéo mettant en scène des joueurs argentins en train d’entonner un chant raciste envers des joueurs de l’équipe de France, la FIFA a annoncé l’ouverture d’une enquête ce mercredi. Mais quelles sanctions encourent les joueurs et leur fédération ?

La sélection argentine face à ses actes. Au lendemain de la publication d’une vidéo mettant en scène Enzo Fernandez et plusieurs de ses coéquipiers en train d’entonner un chant raciste à l’encontre des joueurs de l’équipe de France, la polémique continue d’enfler. Hier, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, s’était indignée face à la portée des propos, tandis que la Fédération française de Football avait annoncé saisir la FIFA et «porter plainte pour propos injurieux à caractère racial et discriminatoire». S’en étaient suivies plusieurs réactions, à commencer par celle de Wesley Fofana, coéquipier en club de l’auteur de la vidéo, Enzo Fernandez. «Racisme décomplexé», s’était insurgé le natif de Marseille.

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En parallèle, les Frenchies de Chelsea, en l’occurrence Axel Disasi, Malo Gusto, Benoît Badiashile, Christopher Nkunku, Lesley Ugochukwu et donc Wesley Fofana, avaient manifesté leur colère en se désabonnant du compte Instagram de leur camarade de vestiaire. Face à la polémique grandissante, Enzo Fernandez est finalement sorti du silence la nuit dernière en s’excusant publiquement dans un court communiqué : «Je tiens à m’excuser sincèrement pour une vidéo publiée sur ma chaîne Instagram lors des célébrations de l’équipe nationale. La chanson contient un langage très offensant et il n’y a absolument aucune excuse pour ces mots. Je m’oppose à la discrimination sous toutes ses formes et je m’excuse d’avoir été emporté par l’euphorie de nos célébrations de la Copa America», a-t-il publié.

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Et maintenant, quelles sanctions ?

Des excuses saluées par Chelsea, qui a néanmoins annoncé l’ouverture d’une «procédure disciplinaire», quelques mois après les accusations d’abus racistes de la part de Jimmy Aggrey, ancien joueur du club, envers d’anciens entraîneurs de Chelsea. En d’autres termes, cette procédure disciplinaire devrait, a minima, s’articuler sous la forme d’une amende financière ou d’un simple rappel avec des exercices de sensibilisation. Reste à voir si les clubs des autres joueurs concernés agiront de la même façon. Par ailleurs, la FIFA a de son côté communiqué sur le sujet ce mercredi, officialisant l’ouverture de sa propre enquête. Pour rappel, l’instance du football mondial avait indiqué lors de son 74e Congrès, au mois de mai, sa volonté de durcir le ton sur les affaires liées au racisme.

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«L’heure est venue pour le football de se rassembler et de faire bloc contre le racisme. Trop régulièrement, les joueurs et joueuses sont victimes du racisme. Nous ferons du racisme un délit spécifique qui sera obligatoirement inclus dans les codes disciplinaires individuels des 211 associations membres de la FIFA, en différenciant le racisme des autres incidents, en donnant aux actes de racisme leurs propres sanctions spécifiques et sévères», avait informé Mattias Grafström, le nouveau secrétaire général de l’instance. Les propos des Argentins n’ayant pas été tenus dans le cadre d’une rencontre organisée par la FIFA (la vidéo a été tournée dans le car, après la victoire de l’Argentine en finale de Copa América contre la Colombie), l’organisme devra déterminer où se situe sa ligne rouge et celle de ses associations membres (même s’il existe peu de doutes sur le fait que les Argentins et l’AFA ne devraient pas pouvoir échapper à des sanctions).

En 2020, Edinson Cavani, alors joueur de Manchester United, avait par exemple été condamné à payer une amende de 100 000 £ (environ 120 000 euros), avant d’écoper de trois matches de suspension pour un commentaire publié sur son compte Instagram (gracias negrito’, avait-il écrit pour remercier un de ses amis). En 2011, la commission disciplinaire indépendante de la FA avait également jugé que, même si Luis Suarez «n’était pas raciste», son utilisation du mot 'negro’ pour désigner Patrice Evra constituait une insulte à caractère raciste. Il avait alors été suspendu 8 matches. Intransigeante à ce sujet, la Football Association pourrait donc l’être à nouveau avec Enzo Fernandez, joueur du Championnat anglais, et possiblement le suspendre pour quelques matches, en plus de lui imposer une sanction financière. Quid de la Fédération argentine de football (qui pourrait également être sanctionné par la FIFA) ? En mai 2022, sa maison mère, la CONMEBOL, avait annoncé durcir le ton sur le sujet. Plafonnées à 30 000€, les amendes liées aux actes racistes avaient ainsi été revues à la hausse pour les clubs, ne pouvant plus être inférieures à 100 000€.

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