Après trois saisons dans l'antichambre brésilienne, le mythique club de Cruzeiro va retrouver l'élite du pays l'année prochaine. Alors qu'ils ont renversé Novorizontino (1-4) vendredi dernier, lors de la 37ème et ultime journée du championnat, l'équipe de Belo Horizonte était déjà assurée de soulever le titre de Série B. Une récompense amplement méritée qui symbolise le très bon travail effectué par Ronaldo, propriétaire majoritaire de Cruzeiro depuis décembre 2021.
Le 8 décembre 2019, l'Estádio Mineirão de Belo Horizonte implose à l'approche du coup de sifflet final, quand des supporters de Cruzeiro arrachent des sièges dans les tribunes pour les lancer sur la pelouse. De violentes échauffourées avaient alors eu lieu avec les forces de l'ordre, contraintes d'utiliser des grenades lacrymogènes pour calmer les travées de l'enceinte. A l'issu de cette défaite contre Palmeiras (0-2), lors de la dernière journée de Série A, la descente en seconde division, la première en 98 ans d'histoire, était officiellement actée pour ce club légendaire du Brésil, l'un des plus titrés du pays avec deux Copas Libertadores, quatre championnats et un record de six coupes nationales.
Trois années plus tard, Cruzeiro s'apprête à rejouer dans l'élite du Brésil après une longue crise financière atténuée notamment par Ronaldo «Il Fenomeno» qui a racheté 90% des actions du club en décembre 2021, moyennant 400 millions de réais (environ 60 millions d'euros) : «J'ai beaucoup à redonner à Cruzeiro, ramener le club à la place où il mérite de figurer. Nous avons beaucoup de travail à faire», avait alors annoncé l'ancien attaquant de la Seleçao lors de l'officialisation.
Couvrir les dettes
La première mission du Fenomeno, lors de son arrivée au club en 2021, était d'éponger les plus grosses dettes des Raposa («renards» en portugais), qui s'élevaient alors autour des 50 millions de réais brésiliens (soit 10 millions d'euros) pour les transferts de Riascos, Arrascaeta et Rodriguinho. Une dette que Ronaldo a payé de sa poche personnelle, directement à la FIFA, pour sauver une première fois Cruzeiro : « Ronaldo va payer cette dette. En théorie, le déficit est celui du club mais il faut absolument la payer même hors saison de la saison », avait affirmé Sérgio Santos Rodrigues, le président de l'équipe de Belo Horizonte, sur les antennes de TV Máfia Azul.
Mais les finances sont aujourd'hui encore dans le rouge, bien que largement pansées par Ronaldo et les actionnaires de la société Tara Sports. Pour éviter les erreurs, Cruzeiro a souhaité mettre les petits plats dans les grands pour s'entourer de véritables experts financiers pour surveiller les caisses et réaliser de précises prévisions budgétaires : «Le club a un secteur qui a été mis en place pour cela, pour anticiper et structurer le paiement d'éventuelles dettes. Nous ne voulons jamais être pris au dépourvu, le club a relevé tout ce scénario et s'organise pour payer dans la limite de la capacité et de l'organisation de la trésorerie. Cette équipe fait un travail de très haut niveau», a souligné Pedro Martins, le directeur du football.
Apporter une nouvelle mentalité
La guérison de ce géant auriverde est aussi passée par une importante refondation totale des coulisses en y installant des ingrédients, certes majeurs et classiques dans le football européen, mais qui restent plutôt rares chez les Sud-américains : le sérieux, le professionnalisme et la régularité. Fort de son charisme, Ronaldo a très rapidement posé les bases en revenant à Cruzeiro : le légendaire numéro 9 exige une équipe avec des joueurs responsables qui ne côtoient pas le milieu des fêtes brésiliennes. Une demande qui semble porter ses fruits.
«Les Brésiliens sont célèbres pour sortir le soir, mesdames, de ne pas être professionnelles, d'aller manger des hamburgers la veille. Ils ont déjà apporté la mentalité européenne. Le joueur doit être responsable et nous devons donner ce sens des responsabilités. Ce n'est pas facile de changer une culture, mais ce qui était cool, c'est que moi, avec beaucoup de temps passé en Europe, et Rafael Cabral aussi, avons parlé avec les garçons et aidé dans le processus. Bien sûr, Ronaldo est le protagoniste avec son équipe, mais nous avons réussi à aider dans le vestiaire», avait déclaré le milieu de terrain expérimenté Rômulo (35 ans), ancien joueur du Genoa et de la Fiorentina, dans une interview au Flow Sport Club, lui qui est revenu à Belo Horizonte en 2021.
Préparer l'avenir
«Je suis tellement content de l'année que nous avons eue. Un moment spécial pour nous tous, pour la Blue Nation. C'est le moment de faire la fête. Nous nous sommes débarrassés d'un cauchemar impensable dont tout le monde a souffert, mais nous devons maintenant planifier pour l'année prochaine», s'est réjoui Ronaldo après la large victoire de son équipe lors de la dernière journée de Série B. La saison 2023 sera composée de nombreux défis pour Cruzeiro. La question financière est toujours critique, malgré une progression lors des derniers bilans. La dette stratosphérique du club pointe à plus de 1 milliard de réais brésiliens (soit presque 200 millions d'euros). Les dirigeants célestes citent la nécessité de conserver «les pieds sur terre» pour éviter une nouvelle déroute sportive. Le conseil administratif de Cruzeiro s'est réuni pour poursuivre le travail en pensant à l'avenir du club. La réunion a eu lieu dans l'un des plus grands cabinets de conseil au monde, «Bain & Company», qui aide les organisations à conduire les changements des entreprises. Les Raposa augmenteront leurs revenus avec le retour en Série A, mais une partie de cet argent est déjà engagée via des avances financières et prêts bancaires sur les droits TV. Le travail consistera aussi à augmenter les finances en utilisant d'autres fronts, tels que les parrainages et partenaires des fans, en coordonnant leurs attentes qui sont élevées : «Le premier objectif que nous avons atteint, maintenant nous avons d'autres objectifs. Nous devons recommencer à nous battre pour les titres, car c'est ce que les fans attendent de nous», a annoncé le Fenomeno.
Autre point central du projet : la reconstruction totale du centre de formation appelée «La Toca da Raposa» qui était considérée pendant de longues décennies comme l'un des meilleurs du pays : «Nous avons prévu deux changements majeurs. L'infrastructure joue un rôle clé dans le développement des joueurs. La Toca a une structure obsolète. Il était autrefois célébré comme l'un des meilleurs du Brésil et aujourd'hui ce n'est plus le cas. Nous réaliserons un travail d'adaptation de toutes les structures de Toca II à l'ensemble de la zone administrative. Un nouveau champ sera fait avec de l'herbe neuve, une partie du drainage est très mauvaise dans le champ 3 de Toca. Il est également prévu une rénovation du vestiaire et d'une tribune pour accueillir des matchs féminins, moins de 20 ans et moins de 17 ans», a promis Ronaldo.
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