Battu par le KAS Eupen (0-2) samedi, le RWD Molenbeek a été officiellement relégué en D2 belge seulement un an après sa montée dans l’élite belge. Une descente cruelle mais inévitable au regard du calvaire vécu par le club de la banlieue bruxelloise, propriété de John Textor, depuis la reprise en août.
Le 13 mai 2023, le RWD Molenbeek retrouvait l’élite du football belge 21 ans après l’avoir quittée. Un an plus tard, le club de la banlieue de Bruxelles va rebrousser chemin et redescendre à l’échelon inférieur. Reversé en play-downs au terme d’une saison galère, le RWDM avait encore une chance de se maintenir en Jupiler Pro League en passant par les barrages. Pour y parvenir, un seul petit point suffisait à la formation bruxelloise dirigée par Yannick Ferrera face à une équipe du KAS Eupen battu à cinq reprises lors de ses 6 derniers matchs (5 défaites, 1 nul) et d’ores et déjà condamnée. Finalement, le pire scénario s’est produit pour le club détenu par John Textor. Défait 2-0 par la lanterne rouge, Molenbeek a officiellement été relégué en deuxième division belge, samedi.
«Malgré les efforts continus mis en place par le club, les joueurs et le staff sportif, le RWD Molenbeek n’aura pas réussi à atteindre l’objectif du maintien pour sa première saison en Jupiler Pro League. La direction prendra le temps de la réflexion pour analyser les causes de cet échec afin de préparer au mieux le club pour la saison prochaine et la poursuite de ses nouveaux objectifs sportifs», pouvait-on lire dans le communiqué du club belge. Une grosse désillusion pour le RWD Molenbeek qui certes n’a pas profité de la défaite à Charleroi de Courtrai, son adversaire direct dans la lutte pour les barrages, mais qui paye surtout les frais d’une saison galèrent au cours de laquelle il s’est progressivement embourbé dans la crise sans jamais réussir à s’en sortir.
Une promotion dans l’élite marquée par de vives tensions en interne
Si les supporters du RWDM pouvaient nourrir de grands espoirs en début de saison, les choses se sont vite compliquées pour le promu. Quelques semaines après avoir validé son retour dans l’élite, des premières tensions ont émergées au sein de la direction. À l’heure de dévoiler les ambitions de sa formation pour l’édition 2023-2024, John Textor «avait déclaré vouloir botter les fesses des cadors belges» tels que Anderlecht ou encore l’Union Saint-Gilloise. Une déclaration publique du boss d’Eagle Football Group totalement désapprouvée par Thierry Dailly. «Cela m’a choqué aussi. Je pense aussi qu’aux USA, ce n’est pas la même chose que chez nous. C’était maladroit de sa part et en tant que président, je veux revenir là-dessus. C’est sensible entre les supporters. Et quand on voit comment ils se sont très bien comportés lors de ce dernier match, que ce soit du côté RWDM ou d’Anderlecht, ils ont respecté toutes les règles», concédait le dirigeant belge au micro de la RTBF.
En désaccord avec le nouvel homme fort de son écurie, Thierry Dailly ne tardait pas à payer les frais du grand ménage opéré par l’Américain. Le 31 mai 2023, John Textor décidait de mettre un terme au mandant du président historique du RWDM, qui avait racheté le club bruxellois en juin 2015 avant de le faire remonter jusqu’en première division huit ans plus tard. «La gestion de M. Dailly a révélé fin 2022 des détournements des fonds du club, de l’abus de pouvoir d’entreprise, la perturbation de la gouvernance de l’entreprise et un comportement violent et intimidant qui ont conduit à sa destitution en qualité de DG en février 2023», expliquait-il dans un long communiqué. Poursuivant sa purge, l’homme d’affaires américain annonçait le départ de Vincent Euvrard et de son staff et plaçait à la tête de l’équipe première Claudio Caçapa, intérimaire du côté de Botafogo à l’époque et ancien de l’OL.
Or, ce choix fort de John Textor s’est vite révélé être une erreur de casting. Si l’ancien défenseur de l’OL est parvenu à faire quelque peu oublier son prédécesseur en prenant six points sur neuf possibles grâce à des victoires contre Louvain et Malines, les résultats de Molenbeek se sont progressivement détériorés. Classé au neuvième rang au début de l’automne, le club de la banlieue bruxelloise a enchaîné les contre-performances au point de terminer l’année 2023 en position de relégable. Dans une situation délicate, Molenbeek pensait profiter du mercato hivernal pour retrouver des couleurs sur la scène nationale. Malgré l’arrivée de plusieurs renforts dont Jeff Reine-Adélaïde, en perte de vitesse du côté de l’Olympique Lyonnais, l’apport des recrues s’est avéré insuffisant pour renverser la tendance en championnat.
Trois entraîneurs en une saison
Toujours relégable après 21 journées, les hommes de Claudio Caçapa se sont attirés les foudres de leurs supporters à la veille d’un match crucial contre le KAS Eupen, également impliqué dans la bataille pour le maintien en fin de saison, le 22 janvier 2024. Ayant d’abord promis de régler «ça sur un ring» suite à une remarque d’un des joueurs, les fans du RWDM sont passés aux actes en interrompant la rencontre par des lancers de pétards et de fumigènes à l’heure où leur écurie était menée d’un but par Eupen. Malgré un retour sur le terrain des 22 acteurs, le match n’est jamais allé à son terme à cause de nouveaux objets pyrotechniques envoyés sur la pelouse. Touché de plein fouet par la crise, le club décidait de stopper l’hémorragie en nommant Bruno Irles en lieu et place de Claudio Caçapa.
Malgré une solide expérience dans l’Hexagone, le technicien passé par Troyes et Pau n’aura seulement tenu que 39 jours aux commandes des Coalisés, la faute à un bilan de quatre défaites et un nul en cinq rencontres de championnat. Bon dernier de Jupiler Pro League, le RWDM se dirigeait lentement mais sûrement vers les barrages pour le maintien. Appelé à la rescousse pour tenter de sauver le club de la noyade, Yannick Ferrera a redressé la barre en glanant un nul encourageant à Charleroi puis en enchaînant deux victoires face à Eupen et Courtrai. À mi-parcours, il ne manquait plus que deux petits points aux Molenbeekois pour assurer leur sursis. Une mission commando abordable mais qui s’est transformé en échec cuisant. Battu coup sur coup par Courtrai et Charleroi, Molenbeek a vu sa saison dans l’élite belge s’achever sur une ultime déconvenue à Eupen, une semaine après avoir vu Jeff Reine-Adelaïde être transporté en urgence à l’hôpital.
Payant les frais d’un énorme trou d’air entre la fin décembre et le début du mois d’avril, les pensionnaires du stade Edmond Machtens n’ont pas eu les épaules assez solides pour rivaliser avec leurs principaux concurrents. Ayant failli dans sa mission sauvetage, Yannick Ferrera n’en menait pas large à l’heure de dresser un bilan sur la saison de son équipe. «Clairement. C’était le problème depuis le départ. Lorsque nous sommes arrivés, nous avions bien dit que nous n’étions pas des magiciens du football. En revanche, si nous arrivions à redonner du courage et de la motivation ça pouvait aider. Cela a été le cas sur les trois premiers matchs puis le négativisme est revenu, constatait un coach qui ne sera peut-être plus là la saison prochaine. Mon contrat était prolongé d’un an en cas de maintien. On va donc voir dans les prochains jours, l’heure n’est pas à ça. Je suis surtout très triste pour tous ces supporters qui nous ont soutenus. En tant que Bruxellois ça fait mal», regrettait le coach belge. Retour à la case départ donc pour le RWD Molenbeek.
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